Religiologiques

Vol. 25 (2002): 333-339.


Nasr, Seyyed Hossein et Mehdi Aminrazavi, 2001, An Anthology of Philosophy in Persia, vol. ii, Oxford, Oxford University Press.


Cet ouvrage présente quelques traductions partielles de textes importants concernant la philosophie ismaélienne qui a fleuri en terre persane. Seyyed Hossein Nasr et Mehdi Aminrazavi ont voulu présenter une anthologie qui reflète une riche diversité de la pensée couvrant un large panorama de la théologie à la philosophie en passant par la mystique. On remarque que tous les penseurs ne sont pas présents, mais il s’agit de grands penseurs qui sont en soi des repères de cette longue histoire tumultueuse.

L’introduction générale de Seyyed Hossein Nasr nous dresse (pp. 3-15) un portrait succinct de la contribution de l’ismaélisme à la pensée musulmane en Perse. Il indique l’importance de l’intellect (‘aql) dans la quête de la connaissance du monde physique et spirituel (métaphysique). Les ismaéliens médiévaux se sont distingués des philosophes musulmans sunnites en élaborant une pensée qui se situe à égale distance de la théologie et la philosophie. La plupart des penseurs ismaéliens ont une compréhension évolutive de l’état de la connaissance, en s’inspirant grandement des idées véhiculées par l’Imâm al-zamân (le Guide spirituel de chaque époque). L’évolution de la pensée est la clef de voûte de la sotériologie ismaélienne qui intègre dans le processus une quête de la connaissance ésotérique mais aussi une anthropologie centrée sur l’Imâmologie.

Cette anthologie couvre neuf œuvres allant du corpus jâbirien jusqu’au xiiie siècle avec l’œuvre maîtresse de Nasîr al-dîn Tûsî. Les différentes introductions sont souvent trop succinctes, à l’exception de l’introduction de Hermann Landolt à sa traduction ; il aurait été préférable de laisser les traducteurs présenter directement les différents penseurs ismaéliens ainsi que leurs œuvres, car les informations générales de ce livre ne représentent pas l’état des dernières recherches.

1. Umm al-kitâb (datant du début v/xie siècle ou plus tard) (pp. 16-32)

Ce traité, conservé par les ismaéliens de Badakhshân, est une compilation syncrétique des idées qui circulaient au v/xie siècle ou plus tard, reflétant les idées embryonnaires de la gnose shî’ite à l’époque de l’Imâm Muhammad al-Bâqir (m. 115/733). Ce livre d’après l’auteur anonyme révèle des secrets qu’aucun livre antérieur n’a révélé!

Umm al-Kitâb ("The Mother of Books"), traduit par Latimah Parvin Peerwani (pp. 17-32)

Peerwani nous présente une traduction partielle de l’original édité en 1963 par Wladimir Ivanow. Il faut mentionner qu’Ivanow avait déjà résumé magistralement le contenu de ce traité dans l’article intitulé «Notes sur l’Ummu’l Kitâb des Ismaéliens de l’Asie centrale,» Revue des Études Islamiques, vol. 6 (1936) 419-481. L’original a été traduit intégralement en italien par Pio Filippani-Ronconi (Napoli: Institut de l'Université Orientale de Napoli, 1966).

2. Jâbir ibn Hayyân (m. 200/815) (pp. 33-69)

La contribution de Jâbir ibn Hayyân est particulièrement intéressante car il s’agit d’une œuvre alchimique où la science est au service de la foi. Les riches symboles alchimiques deviennent des véhicules pour diffuser la quintessence des idées religieuses. Dans l’introduction, Seyyed Hossein Nasr (pp. 33-35) mentionne à deux reprises que le corpus jâbirien n’est pas en accord avec la doctrine ismaélienne, sans toutefois préciser sa pensée. Pourtant Paul Kraus, qui a consacré une grande partie de sa vie à étudier Jâbir ibn Hayyân ainsi que le corpus jâbirien, avait déjà établi des liens entre l’alchimie de Jâbir et l’ismaélisme. Ainsi dans l’introduction du premier tome de son livre intitulé Contribution à l’histoire des idées scientifiques dans l’Islam (Le Caire, Imprimerie de l’Institut Français d’archéologie Orientale, 1943, pp. xlii-lvii), il dit clairement que de «nombreux passages […] habilement mêlés à l’exposé des idées scientifiques de l’auteur, contiennent les références non équivoques au mouvement ismaélien ou qarmate…» Cette hypothèse est aussi confirmée dans la traduction de Henry Corbin du Kitâb al-majîd (Le livre du Glorieux) où des symboles (or/argent) ainsi que deux planètes (soleil/lune) sont utilisés pour évoquer l’Imâm (soleil/or) et le Hujja (lune/argent).

Kitâb al-ahjâr (Le livre des pierres) (pp. 36-67)

Seyed Nomanul Haq a traduit ce traité qui a déjà été l’objet d’une publication antérieure (Boston: Kluwer Academie Publishers, 1994, pp. 163-202.). Dans ce traité, Jâbir ibn Hayyân décrit la science des nombres et le concept de la balance selon l’opinion de Balînâs, on remarque d’emblée l’influence d’Hermès Trimégiste dans l’élaboration de ses idées.

3. Abû Ya‘qûb al-Sijistânî (m. circa 391/1000) (pp.70-138)

Il était un dâ’î ismaélien qui a vécu au iv/xe siècle, la trame de fond de sa pensée s’inspire grandement d’al-Nasafî (exécuté vers 331/942) qui a introduit la philosophie néoplatonicienne dans l’ismaélisme. Ici deux traités d’al-Sijistânî sont présentés : Kashf al-mahjûb et Kitâb al-yanâbî‘.

Kashf al-mahjûb ("Unveiling of the Hidden") introduction et traduction partielle par Hermann Landolt (pp. 71-124)

Initialement le texte persan était édité (Téhéran : Institut Franco-iranien, 1949) et traduit en français par Henry Corbin (Lagrasse : Verdier, 1988); la traduction intégrale anglaise sera éditée par l’Institut of Ismaili Studies très prochainement. Dans ce traité Abû Ya‘qûb Sijistânî présente en sept chapitres (maqâlat) sa conception de la nature divine et le dernier chapitre dévoile la quintessence de la science divine. Ce déploiement de la nature divine se réalise à travers une théologie apophatique ou par la via negationis, une approche chère à l’ismaélisme. L’auteur commence son exposé au premier chapitre par l’unicité divine (tawhîd) pour élaborer ensuite sur la nature de l’Impératif divin (Amr), du Logos (kalima) créateur, de l’essence de l’Intellect (jawhar-i ‘Aql), de l’Âme (Nafs) et finalement de la Nature (Tabî’at). Cette présentation intellectuelle réussit fort bien à intégrer au schème néoplatonicien la notion de création ex-nihilo et la via negationis pour éviter de tomber dans le double piège de l’anthropomorphisme (tashbîh) et du dépouillement (ta’tîl) des Attributs divins.

Kitâb al-yanâbî‘ ("The Book of Wellsprings"), traduction partielle par Latimah Parvin Peerwani. (pp. 124-140)

Ici encore le lecteur a l’opportunité de lire la traduction complète du traité de Paul Walker (The Wellsprings of Wisdom, Salt Lake City : The University of Utah Press, 1994) accompagnée d’une introduction et d’un commentaire annoté du texte en arabe. Mme Peervani ne mentionne pas cette traduction dans sa bibliographie; quelle en est la raison, nul le sait? Le choix arbitraire des chapitres traduits nous laisse un peu perplexe car aucune explication n’est jointe pour justifier ce choix. Si Mme Peerwani avait présenté l'ensemble du traité et justifié le choix des extraits, l'œuvre serait ainsi mieux située.

Pour le lecteur francophone, la traduction partielle française de Henry Corbin est éditée dans Trilogie ismaélienne, Paris : Adrien Maisonneuve, 1961, pp. 5-127. C’est une œuvre maîtresse qui est divisée en quarante chapitres où il développe le monde spirituel dans les 21 premiers chapitres (yanâbî’); à partir du 22e jusqu’au 32e chapitre, il explique l’existence de l’homme et tout le processus de la quête de la connaissance afin de cerner la profession de foi (shahâdat) et sa concordance avec la signification secrète de la Croix chrétienne. Les sept derniers chapitres concernent le processus du salut de l’humanité à travers l’Imâm de la Résurrection. Il s’agit en fait d’une compréhension élargie des religions prophétiques en les reconduisant à chaque prophète qui a révélé la religion primordiale pour ramener les croyants sur le droit chemin.

4. Abû- Hâtim al-Râzî (m. 322/934) (pp. 139-172)

Dans l’introduction, Mehdi Aminrazavi nous donne des informations biographiques sur Abû Hâtim al-Râzî; il était un dâ’î de la région de Rayy. La fameuse controverse sur la prophétie avec le philosophe Rhazès (Muhammad b. Zakariyyâ’ al-Râzî) est l’objet principal de ce traité. Le A‘lâm al-nubuwwa ("Science of Prophecy") est traduit par Everett K. Rowson (pp.140-172).

Le débat se situe entre le rôle du Prophète et celui d’un philosophe mettant en cause toute la notion de connaissance et de providence divine. Pour Rhazès, tous les hommes sont nés égaux en intelligence, donc Dieu ne peut privilégier uniquement les Prophètes. Pour Abû Hâtim Râzî, une hiérarchie existe entre les êtres humains, certains sont plus aptes que d’autres pour acquérir la connaissance et la transmettre, comme les Prophètes et les Imâms. Rowson a traduit le chapitre sept (de l’édition de Salâh al-Sâwî et Gholam Reza A’awânî, Téhéran : Imperial Iranian Academy of Philosophy, 1977, pp. 271-318) de ce traité qui présente les Prophètes comme la source principale de la connaissance scientifique transmise aux sages. Notons qu’on a omis de mentioner la traduction de Fabienne Brion, « Philosophie et Révélation, » Bulletin de Philosophie Médiévale, vol. 28 (1986) : 134-163.

5. Hamîd al-dîn al-Kirmânî (m. après 411/1021) (pp. 173-200)

Dans l’introduction, Mehdi Aminrazavi présente al-Kirmânî comme le grand philosophe au temps de l’Imâm Hâkim bi-Amr Allâh (m. circa 411/1021). Il est reconnu pour avoir systématisé admirablement la théologie et la philosophie ismaélienne fâtimide. Son œuvre principale est le Râhat al-’aql (La Quiétude de l’intellect). Ici on remarque que deux livres importants sur al-Kirmânî sont absents de la bibliographie située aux pages 199-200 : Daniel De Smet, La Quiétude de l’intellect : Néoplatonisme et gnose ismaélienne dans l’œuvre de Hamîd ad-dîn al-Kirmânî (xe /xie s.), Louvain : Peeters Press & Department Oriental Studies, 1995 et le livre de Paul Walker, Hamîd al-Dîn al-Kirmânî : Ismaili Thought in the Age of al-Hâkim, London : I.B. Tauris, 1999.

Râhat al-‘aql (La Quiétude de l’intellect) (pp. 175-192)

Daniel C. Peterson traduit les pages 59 à 68 du traité (édité par Mustafâ Kâmil Husayn et M.M. Hilmî, Caire : Dâr al-fikr al-’Arabî Press, 1953). Dans cette partie du chapitre al-Kirmânî démontre l’existence de Dieu à l’aide d’arguments cosmologiques, par la suite il explique le mouvement des corps célestes par l’Intellect en tant que premier moteur immobile (al-muharrik al-awwal alladhî lâ yataharrak). De l’Intellect découle l’Âme universelle et la Nature, ainsi commence le processus d’émanation (fayd ou inbi’âth).

Risâlat al-durriyya ("The Brillliant Epistle") (pp. 192-199)

Faquir M. Hunzai a traduit entièrement ce petit épître. L’original a été édité par Mustafâ Kâmil Husayn (Majmû’a Rasâ’il al-Kirmânî, Caire, 1952, pp. 19-26). Cet opuscule est une réflexion philosophique sur l’unicité divine (tawhîd); il met en perspective la relation entre Dieu et sa créature qui est en soi unique mais aussi multiple et donc il évoque le vieux débat entre l’unicité et la multiplicité.

6. Rasâ'il Ikhwan al-Safâ' ("Treatises of The Brethren of Purity") (pp. 201-279)

Dans l’introduction, Seyyed Hossein Nasr évoque la difficulté de connaître les auteurs de cette encyclopédie ismaélienne qui comprend 52 volumes. C’est une synthèse des connaissances aussi bien philosophiques, scientifiques et religieuses de l’époque. Il couronne l’accomplissement scientifique de cette période. Selon Yves Marquet, la rédaction avait commencé dès avant 297/909. Cette encyclopédie a été distribuée secrètement dans différentes mosquées pour initier subtilement les musulmans à la dimension ésotérique de l’islâm. L’idée centrale sous-jacente est la purification de l’âme pour accéder à la connaissance et établir des liens de fraternité entre les hommes. La réminiscence de la signification symbolique des nombres et des mathématiques pythagoriciennes est au cœur de cette encyclopédie.

Parmi les trois parties présentées dans cette anthologie, la première (Microcosm and Macrocosm traduit par Latimah Parvin Peerwani, pp. 202-225) concerne deux traités sur le concept de l’homme en tant que microcosme, une copie miniaturisée de l’univers (macrocosme). La seconde partie (A Theory on Numbers, traduit par Bernard R. Goldstein, pp. 225-245) décrit la division des sciences abstraites en quatre groupes : i) abstrait, ii) logique, iii) naturel et finalement théologique. À l’intérieur des quatre groupes, il y a des sous-divisions pour embrasser l’ensemble des sciences de l’époque, comme l’avaient fait les platoniciens et les aristotéliciens. Cette deuxième partie a déjà été publiée antérieurement dans : Rasâ'il Ikhwan al-Safâ' ("Treatises of The Brethren of Purity: On Numbers). The first Treatise of the division of the abstract sciences, traduit par Bernard Goldstein, Cairo, Dar al-fikr Press, 1347. Réimpression de Centaurus vol. 10, (1964): 135-160. La troisième partie (Man and Animal traduit par Lenn E. Goodman, pp. 246-278) est une fable en prose qui relate l’histoire d’une mésentente entre les animaux et les hommes sur le respect de la nature; elle sous-tend l’idée moderne de l’écologie et la préservation de l’environnement. Cette troisième partie a déjà été publiée antérieurement dans : Rasâ'il Ikhwan al-Safâ' ("Treatises of The Brethren of Purity: Animals versus Man"), traduit par Lenn E. Goodman, Boston: Twayne Press, 1978, pp. 51-77 and 198-202.

7. Al-Mu’ayyad fî al-dîn Shirâzî (m. 470/1077) (pp. 280-290)

La biographie d’al-Mu’ayyad fî al-dîn Shirâzî est présentée dans l’introduction de Mehdi Aminrazavi; il aurait succédé à son père à la tête de la da’wa ismaélienne en Fars (Perse). Cette partie (Khutba ("Sermon") traduit par Javad M. Muscati and A. M. Moulvi, pp. 281-290) est une exégèse ésotérique de quelques versets du Qur’ân. Le premier thème concerne la signification du paradis terrestre et céleste, le second thème concerne les Attributs divins, le troisième thème évoque la signification de Salâm et la notion de la Walâyat de ‘Alî qui est le Légataire de la signification spirituelle du Qur’ân. C’est à travers la guidance des Imâms, au sens shî’ite du terme, qu’il est possible de comprendre la signification des traditions prophétiques. Une traduction intégrale a été publiée antérieurement dans : Khutbah (sermons), édité et traduit par J. Muscati and A. M. Moulvi, (Karachi: Islamic Association Press, 1969).

8. Nâsir-i Khusraw (m. 481/088-1089) (pp. 291-341)

Seyyed Hossein Nasr dans l’introduction décrit la vie de cet éminent penseur et poète ismaélien qui était au service du Calife fâtimide al-Mustansir Billâh I. Il était à la fois un philosophe et un théologien de renom.

Kitâb jâmi‘ al-hikmatayn (Le livre réunissant les deux sagesses) (pp. 293-311)

La traduction partielle de Latimah Parvin Peerwani de ce traité dépend de l’édition de Henry Corbin et Mohammed Mo’in, Téhéran-Paris : Institut Franco-Iranien, 1965. Une traduction intégrale annotée en français a été faite par Isabelle de Gastines (Nâsir-e Khosraw, Le livre réunissant les deux sagesses, Paris : Fayard, 1990). Il s’agit en réalité d’une initiation à la théosophie ismaélienne à travers une série de questions-réponses. Différents thèmes s’enchaînent avec des propos philosophiques et une exégèse ismaélienne de la problématique. L’unicité divine (tawhîd) est un sujet classique qui revient assez régulièrement. Le débat entre l’anthropomorphisme (tashbîh) et le dépouillement (ta’tîl) des Attributs divins était au cœur de la théosophie ismaélienne, beaucoup de penseurs sont perplexes face à ce sujet complexe. Nâsir-i Khusraw aborde les thèmes classiques de l’Intellect, l’Âme, la Nature et la notion de création ex-nihilo à travers l’Instauration primordiale (Ibda’) du monde spirituel. Le génie de l’auteur se dévoile par la maîtrise de la philosophie néoplatonicienne et la révélation qur’ânique.

Gushdâyish wa rahâyish (Connaissance et liberté) (pp. 311-329)

Des extraits du traité intitulé Gushdâyish wa rahâyish (Connaissance et liberté) sont traduits par Faquir M. Hunzai, on remarque que Nâsir-i Khusraw se concentre sur deux sujets principaux : la cosmologie et l’ontologie; dans la cosmologie les notions de création, d’éternité de la génération, de la corruption sont abordées ainsi que la question de la matérialité ou pas de Dieu. La partie ontologique développe plus la nature de l’âme humaine et sa relation avec le corps. Une traduction complète a déjà été publiée antérieurement dans : Gushdâyish wa rahâyish ("Knowledge and Liberation") traduit par Faquir M. Hunzai, London: The Institute of Ismâ‘îlî Studies, 1998.

Dîwân (pp. 329-340)

Le troisième texte est le Dîwân, traduit par Peter L. Wilson and Gholam-Reza A‘avânî. Il s’agit d’odes philosophiques sur l’unicité divine, la multiplicité, la création, le verbe et la parole et l’angéologie. Une traduction complète a déjà été publiée antérieurement dans : Dîwân, translated hy P. L. Wilson and Gh. R. Aavani, Tehran: Imperial Iranian Academy of Philosophy, 1973.

9. Nasîr al-dîn Tûsî (m. 672/1274) (pp. 342-378)

Nasîr al-dîn Tûsî, natif de Tûs (Khorasan), était reconnu comme un grand mathématicien et astronome, mais il avait une excellente aptitude pour la philosophie et la théologie. Dans son introduction, Mehdi Aminrazavi décrit aussi les œuvres en théologie shî’ite de Tûsî; contrairement à l'auteur, nous ne croyons pas à l’identité duodécimaine de Tûsî (voir notre article sur la taqiyya in Studies in Religion/Sciences religieuses, vol. 27.1 (1998) : 39-59); bref c’est un sujet complexe qui serait un bon sujet de thèse.

Sayr wa sulûk (Contemplation et Action) (pp. 344-356)

Sayyid Jalal H. Badakhchani a traduit cette autobiographie de Tûsî qui relate sa vie et les vingt ans qu’il a passé chez les ismaéliens nizâriens; c’est dans ce traité qu’il relate qu’il a eu la chance d’entrer dans la da’wa nizârienne pour être initié à l’enseignement (ta’lîm) de l’Imâm al-zamân (p. 343). Une traduction complète a déjà été publiée antérieurement dans : Sayr wa sulûk (Contemplation and Action") traduit par, S. J. Badakhchani, London: I.B. Tauris, 1998.

Rawdat al-taslim (Le jardin de la vraie foi) (pp. 357-377)

Le second texte est traduit par Latimah Parvin Peerwani; ici nous sommes surprise de ne pas voir éditer l’excellente traduction que S.J. Badakhchani a fait dans ta thèse de doctorat. Ce traité expose une image fidèle de ce qu’était l’ismaélisme nizârien à l’époque de Tûsî. Les extraits qui se trouvent édités dans cette anthologie se limitent à trois thèmes : la théorie de l’Intellect (‘Aql), de l’Âme et une partie de l’épistémologie, reprise principalement d’Ibn Sînâ (m. 428/1037). Wladimir Ivanow a traduit intégralement ce traité dans The Rawdat al-taslim commonly called Tasawwurat, Leiden : E.J. Brill, 1950; de plus la thèse de doctorat de Badakhchani apporte des informations précieuses sur des omissions faites par Ivanow (cf. Jalal Badakhchani, «The Paradise of Submission», Thèse de doctorat, Oxford University, 1989). Pour le lecteur francophone, il y a la traduction de Christian Jambet (Nasîr al-dîn Tûsî, Rawdat al-taslîm, traduit La Convocation d’Alamût, Lagrasse, Verdier, 1996).

 

Diane Steigerwald

Religious Studies, California State University (Long Beach)

 

 

http://www.unites.uqam.ca/religiologiques/no25/25recension.html