Studies in Religion / Sciences Religieuses

31: 3-4, 2002: 430-432


© Canadian Corporation for Studies in Religion / Corporation canadienne des Sciences Religieuses

[p. 430]

Recension:

Simon Pierre apôtre et compagnon

Pierre Gilbert

Paris, Bayard, 2001. 140 p.


Critique: Diane Steigerwald,   Religious Studies Department, California State University (Long Beach)


 

Pierre Gilbert, exégète, auteur de plusieurs ouvrages, travaille présentement comme directeur des Recherches de sciences religieuses à la Faculté de Théologie de Lyon. L’auteur ne cherche pas à présenter une biographie précise de Pierre, mais il veut comprendre le personnage de Pierre en lisant le Nouveau Testament et les apocryphes.     

L’auteur expose quelques éléments biographiques sur Pierre désigné comme «le premier» (Mt 10,2) des Apôtres dans l’évangile de Matthieu. Pierre était marié puisque plusieurs évangiles (Mc 1,29-31; Mt 8,14-15; Lc 4,38-39) relatent la guérison de sa belle-mère par Jésus. Il appartenait à une famille de pécheurs de la région galiléenne. Il faisait partie de l’entourage de Jean le Baptiste (Lc 3,3). Les Actes des [p. 431] apôtres décrivent son importance et autorité devant l’Assemblée de Jérusalem après la disparition de Jésus. La communauté d’Antioche était divisée par de fortes dissensions, à savoir si les chrétiens d’origine païenne devaient se soumettre à la Loi de Moïse et se faire circoncire pour être sauvé. «Paul ne semblait pas témoigner d’une autorité suffisante pour trancher dans un débat qu’il considérait comme capital.» (p. 16-17) C’est alors que Pierre réussit à s’imposer: «S’étant levé, Pierre leur dit: “Frères, vous le savez: dès les premiers jours, Dieu a fait son choix parmi vous, pour que, par ma bouche, ceux des nations entendent la parole de l’évangile et embrassent la foi.”» (Ac 15,7) Notons que «c’est Pierre qui rappelle la doctrine exclusive dans laquelle la communauté doit se reconnaître et selon laquelle elle doit vivre.» (p. 23) Il est donc le Successeur du Christ, l’Interprète par excellence de la parole du Christ.

            L’évangile de Jean nous rapporte presque immédiatement la désignation de Jésus lors de leur première rencontre:  «Tu es Simon, fils de Jean; tu t’appelleras Céphas ce qui veut dire Pierre» (Jn 1,42). Ce changement de nom est d’une importance capitale. Pierre est le premier à reconnaître Jésus comme «Christ de Dieu» et Matthieu prolonge le récit en nous expliquant son nom: «Heureux es-tu, Simon, fils de Jonas, parce que chair et sang ne t’ont pas révélé cela, mais mon Père qui est dans les cieux. Eh bien! moi je te dis: Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l’Hadès ne tiendront pas contre elle. Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux: quoi que tu lies sur la terre, ce sera tenu dans les cieux pour lié, et quoi que tu délies sur la terre, ce sera tenu dans les cieux pour délié. » (Mt 16, 13-19) Par cette reconnaissance, Pierre se distingue des autres Apôtres et il aura «un rôle et un destin auxquels ne sont comparables ceux d’aucun apôtre.» (p. 40) Pierre détient donc les clefs du paradis et décidera qui d’entre les hommes au Jour du jugement seront sauvés.

            Lorsque Jésus est arrêté, Pierre est souvent exagérément blâmé pour avoir renier trois fois le Christ. Mais, en fait, avait-il d’autres choix? N’était ce pas la façon la plus subtile de préserver sa vie et celle des autres disciples? À juste titre, Pierre Gilbert remarque que «tout se passe comme si l’évangéliste [Jean] voulait dégager Pierre d’une comparaison possible avec l’action de Judas, en l’intégrant à la “pureté” des disciples dont les pieds ont été lavés.» (p. 65)

            L’étude de Pierre est ardue puisqu’il n’est pas au centre des préoccupations des évangiles. Pierre sera le premier, après les femmes, à revoir le Christ après la résurrection (Lc 24, 33-34; 1 Co 15, 3b-5; Jn 20, 3-7). Dans le chapitre vingt et un de l’évangile de Jean, Jésus lance un appel ultime à Pierre de le suivre et de paître ses brebis (p. 90). Notons qu’il est aussi appelé par Jésus «pêcheur d’hommes» (Lc 5,11). Pierre est donc convié à succéder au Christ pour devenir le Guide de la communauté. L’auteur des Actes des Apôtres présente son histoire en la calquant sur celle de Jésus. «L’apôtre est celui qui imite son maître dans sa vie et son enseignement pour le rejoindre dans sa passion et sa résurrection.» (p. 98) Pierre performe aussi des miracles: deux guérisons (Ac 3, 1-10; Ac 9, 32-35) et une résurrection (Ac 9, 36-42).

            L’Apocalypse de Pierre se présente comme une révélation de Jésus à Pierre concernant la fin des temps et le jugement. «Voilà, Pierre, je t’ai révélé et expliqué toutes choses. Va vers la ville qui domine sur l’Occident et bois la coupe que je t’ai promise, des mains du fils de celui qui est dans l’Hadès, afin qu’il commence à disparaître. Quant à toi, tu as été choisi à cause de la promesse que je t’ai faite» (Écrits [p. 432] apocryphes chrétiens, I, La Pléiade, 1997, p. 771 cité par l’auteur p. 124). Voilà un petit livre agréable à lire et intéressant qui présente les facettes contradictoires et énigmatiques de l’Apôtre Pierre.

 

 


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