Studies in Religion / Sciences Religieuses

30: 2, 2001


© Canadian Corporation for Studies in Religion / Corporation canadienne des Sciences Religieuses

Recension:

Choisir la confiance

Monique Dumais


Critique: Diane Steigerwald


L'auteure couvre la notion de confiance en douze petits chapitres accompagnés d'une introduction et d'une conclusion. Dans le premier chapitre, elle définit la confiance comme étant l'acte de "se savoir aimer [qui] peut dissiper (souvent lentement) les doutes sur ses propres capacités" (10). C'est aussi une vertu étroitement liée à l'amour qui permet de créer et maintenir des liens. Il arrive souvent que la confiance serve à construire les fondations solides qui deviendront un tremplin pour s'épanouir intégralement.

Le second chapitre, Confiance en soi, s'articule autour de l'estime de soi et les différentes expressions de l'être à travers le corps et le visage. L'unicité de chaque être humain est une caractéristique foncière qui s'inscrit à la fois dans la nécessité et la liberté (17-18). L'estime de soi n'est pas innée, c'est par une actualisation des capacités et aptitudes personnelles que l'on réussit à développer cette qualité intrinsèque. C'est par ce rapport étroit entre la chair et l'âme que l'expression du corps et du visage prend toute sa signification, on peut "lire" sur le visage ce qui se passe au fond de l'âme, c'est un mouvement entre l'intérieur et l'extérieur (21). Elle conclut ce chapitre en disant que la "confiance en soi se manifeste donc par une capacité de vivre avec son corps" (24).

Dans le prochain chapitre, Confiance envers les autres, Monique Dumais met en relief les notions d'amitié, de lien social ou de contrat social ainsi que de la responsabilité qui est la matérialisation de l'idée entre plusieurs individus. La nécessité de l'amitié est reprise de l'Éthique à Nicomaque d'Aristote; elle est vitale pour vivre et c'est grâce à cette vertu que les êtres humains réussissent à s'entraider mutuellement (28). La formulation poétique de l'amitié, dans Le Petit Prince d'Antoine de Saint-Exupéry, est rappelée pour exprimer l'importance de l'attachement amical. La confiance entre deux amis se concrétise assez aisément alors que la confiance sociale a de la difficulté à s'implanter dans la société occidentale moderne car les conditions même qui permettent son émergence sont souvent détruites (30). La responsabilité requiert de la sollicitude pour assurer l'harmonie sociale et la poursuite du bien commun.

Le chapitre 4, Confiance et citoyenneté, se poursuit sur le dévouement pour le monde, c'était le leitmotive de Hannah Arendt (1906-1975) qui a élaboré une philosophie où l'action ou la praxis va de paire avec la théorie, afin d'éviter d'élargir le fossé entre la théorie et la pratique. Les difficultés contemporaines de la mondialisation seraient à l'origine de ce malaise qui n'a pas pris en compte l'effet pervers de la libéralisation des marchés. Cette mondialisation ne doit pas se faire au détriment des valeurs les plus essentielles que l'on désire préserver et véhiculer comme société démocratique.

L'idée maîtresse du chapitre suivant, Dans la vie active, est la simplicité qui permet d'être ce que nous sommes et non de paraître. Il ne s'agit pas d'insouciance ni d'être négligent, mais d'être réceptif et ouvert pour écouter l'autre et l'accueillir tel qu'il est. L'auteure poursuit sur la signification du quotidien qui occupe une place importante de notre vie. La confiance se manifeste dans tous nos gestes quotidiens et elle donne un sens à notre agir et invite à découvrir notre réelle identité (57). Dans le chapitre 6, Selon les saisons de la vie, Monique Dumais nous relate son enfance et les grandes lignes de sa vie ainsi que les différents jalons dans une simplicité étonnante. C'est un parcours évolutif qui montre l'exemple pratique où la théorie et la praxis s'entremêlent inlassablement pour se réaliser sans cesse dans l'appréhension de la sagesse.

Dans le chapitre suivant, Confiance et enseignement, l'auteure s'interroge sur la notion d'éthique dans la relation. Ainsi l'enseignement devient un grand laboratoire de recherche où les participants s'épanouissent dans la solidarité dans un esprit de pure communion. Tout projet pédagogique inclut aussi une invitation à promouvoir les relations entre personnes et avec le cosmos. La notion de respect prend toute sa signification dans les relations fructueuses et positives, il devient essentiel de développer une éthique de relation pour assurer un apprentissage complet et un enseignement signifiant.

Dans le chapitre 8, Dynamisme de l'engagement, la solidarité et l'engagement se réalisent dans la confiance. Ils sont une forme visible de mise en commun pour la poursuite des objectifs. C'est une action dynamique reflétant la conscience et les aspirations d'un peuple pour une cause juste afin d'améliorer la condition humaine. Les trois chapitres 9, 10 et 11 ont une empreinte religieuse où la foi devient la force motrice et l'élan pour chercher et se réaliser spirituellement dans la création divine. Ainsi, l'"état de plénitude [... ] s'appuie sur une confiance émergeant sans cesse à partir de la foi dans l'être aimé" (89). Ce n'est pas une foi aveugle mais celle-ci est tissée de doutes pour ne pas tomber dans l'impuissance, tout en faisant un effort actif pour désirer et non d'accepter passivement.

Ce livre est le reflet de la vie active de l'auteure qui a été ponctuée par les différents événements où des réflexions se succèdent selon les lectures de différents textes, la méditation ou la participation active aux choses de la vie. Cette étude explore des valeurs qui constituent les fondations de la confiance. L'objectif principal est de frayer des voies pour permettre d'élaborer et d'ouvrir d'autres horizons.



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