© Canadian Corporation for Studies in Religion / Corporation canadienne des Sciences Religieuses

Reviewed by: Diane Steigerwald

La collection d'articles éditée par Peter Connolly s'adresse à des étudiants qui s'intéressent à la religion. Préfacée par Ninian Smart, elle décrit différentes approches du phénomène religieux. Chaque auteur expose les développements historiques, les caractéristiques et la problématique entourant son approche, à l'exception de l'approche théologique, qui a été traitée différemment. L'objectif de l'ouvrage est de guider le discernement des lecteurs relativement aux principaux sujets débattus, les disciplines et leur cadre théorique. Cet ouvrage devrait aider les étudiants à choisir la discipline qui correspond le mieux à leurs intérêts intellectuels.

David N. Gellner aborde les approches anthropologiques. Il expose l'importance de l'approche sociale en tant qu'intrinsèquement reliée aux autres éléments de la société. Il décrit les notions de structure de la société et de fonction des membres de la communauté à l'intérieur de l'approche structurelle fonctionnaliste. Sue Morgan brosse un tableau de la lutte des féministes chrétiennes pour accéder aux mêmes droits que les hommes dans la société. Elle expose les principaux ouvrages où se voit dénoncée la conception patriarcale du christianisme, qui exalte la position de l'homme en décrivant Dieu comme un mâle en la personne de Jésus, mais aussi de Dieu le Père. Les récents ouvrages traitant de l'écoféminisme dressent un parallèle entre la conception dominante de la religion qui dévalue la sexualité féminine et qui dénigre la nature. Les débats dans les études féministes ont mené à la prise de conscience que la lutte des femmes doit prendre différentes formes selon les pays et qu'un seul modèle ne peut s'appliquer partout. Clive Erricker relate l'évolution et les débats entourant les approches phénoménologiques. Il reprend la critique classique de ceux qui ne comprennent pas très bien le caractère philosophique de la phénoménologie. Ceux-ci reprochent à la phénoménologie de ne pas être orientée vers des problèmes quotidiens, et de ne pas prendre en considération les besoins socio-historiques réels et concrets. Erricker souligne que les phénoménologues ont eu tendance à étudier les personnages éminents des traditions religieuses et à négliger ladite "religiosité populaire". Rob Fisher dresse un portrait des différentes approches philosophiques adoptées par des étudiants venant de divers départements de philosophie, de sciences religieuses et de théologie. Il décrit l'importance des approches philosophiques qui remettent souvent en question les croyances établies et servent de moyen de persuasion. Il expose bien l'évolution historique des approches philosophiques et leurs caractéristiques (la logique, la métaphysique, l'épistémologie et l'éthique). Peter Connolly dépeint l'évolution de différentes approches psychologiques du phénomène religieux. Il distingue clairement les approches quantitatives des approches qualitatives. Les approches quantitatives (la psychologie physiologique, le behaviorisme, la psychologie cognitive, la psychologie sociale) utilisent l'approche expérimentale des sciences naturelles. Les approches qualitatives (la psychoanalyse de Sigmund Freud, la psychologie analytique de Carl Gustav Jung et la psychologie humaniste) sont davantage descriptives. Connolly soutient qu'il y a eu peu de controverses entre les différents domaines de la psychologie mais plutôt à l'intérieur de chaque domaine. Michael Northcott décrit l'évolution des diverses approches sociologiques. Les divers domaines de la sociologie ont pour objets des catégories distinctes: i) les stratifications sociales (classe et ethnie) et ii) bio-sociales (le genre, le mariage, la famille et les différents âges de la vie), iii) l'organisation sociale (politique, économique, bureaucratique) et iv) les processus sociaux (les relations entre les groupes, les interactions personnelles, la déviance et la globalisation). Le principal débat en sociologie contemporaine oppose les défenseurs et les opposants de la sécularisation, qui a dominé les théories sociales depuis Auguste Comte et Émile Durkheim. Frank Whaling explique les approches théologiques en distinguant le point de vue de la théologie de celui des sciences religieuses. Il expose les différentes théologies religieuses, l'approche comparative et les différentes attitudes en théologie de la religion (l'exclusivisme, la discontinuité, la sécularisation, la spiritualisation, le parachèvement, l'universalisation, le dialogue et le relativisme). Il explique l'importance de la recherche sur la transcendance et d'une théologie globale des religions (éthique globale). Toutefois, en refusant de se conformer aux divisions générales du livre, Whaling brise l'harmonie de l'ouvrage. Il évoque comme excuse le caractère distinctif des approches théologiques qui requièrent un traitement différent. Il n'explique pas en quoi il aurait été impossible de se conformer à la structure du livre.

L'ouvrage collectif de Peter Connolly constitue une excellente synthèse pour des étudiants qui entreprennent des études dans le domaine de la religion, notamment parce qu'il offre une vision d'ensemble des différentes approches. Une seule omission majeure: on n'y trouve point de section sur les approches historiques du phénomène religieux. Cet ouvrage ne remplace pas toutefois les œuvres magistrales de Jacques Waardenberg, Mircea Eliade, Arnold Toynbee, de même que celles qu'édita Joseph Kitagawa.